Pluie de la haute nuit, l'encre bleue enlumine La table ronde de la forêt Ce bleu — en héritage nous revient — Depuis notre ignorance ? Cet or sur nous reluit Comme sur le front d'enfants Devant des pages d'étoiles Presque invisiblement Dans le silence des feux Au creux du Flamboyant Secret ou l'inviolable bois de cœur. Cette flamme, héritée Que personne ne saisit Nous enrichit les heures Où nulle roue hérissée ni cadran ne demeurent.
Si à nouveau le bleu se lève Des mains du jour Par-ce-qu'elles ont puisé dans la nuit Le soluble Jasmin Qui embauma l'esprit D'un si lointain matin Dans cette clairière un troubadour Verse en nos verres la goutte de sève.
La nuit les arbres soutiennent la voûte de notre sommeil Colonnes du temple noir leurs fleurs ornent impensées Du plus lent des élans ils nous retiennent la place Du repos lorsque dansent les nitescences du ciel Là-haut dans les feuillages de glace coule la rosée Ne nous reviendront plus les fusées agitées Mais à cette même saison la clairière nous appelle À repeindre avec soins le bleu de la rosace La forêt cathédrale ne cache pas son secret : Voyez dans cette nuit l'arborescence subtile La ronde d'hommes sans hommes au plus profond des bois Le feu de camp sans camp en son centre scintille Clairière seule la couronne à l'intérieur des rois Ce cercle d'or pétille dans les yeux de leurs filles.
Si aujourd'hui cette lueur s'éveille Des mains de notre nuit Cadette mais capitaine Soufflez-lui son ruisseau Mon cœur ce puits pérenne Où cogne à vide l'écho Demain se taira-t-il ? après avoir tant lui La marée monte, qui la surveille ?